D’ailleurs, comme le remarque L’Éducation, « le personnage de Jack Nicholson garde son ambiguïté jusqu’au bout : est-il réellement fou ou simule-t-il ? Milos Forman a vécu plusieurs semaines « en immersion » dans l’hôpital de l’État de l’Oregon où le film a été intégralement tourné, afin de s’imprégner de l’ambiance et des thérapeutiques mises en œuvre. Cela devient un challenge pour elle. Final mythique qui restera gravé dans nos mémoires. Milos Forman a signé là un film engagé, véritable plaidoyer contre l’exercice imbécile et aveugle du pouvoir ; l'infirmière Ratched symbolisant sans doute pour lui la dictature communiste en République Tchèque qu'il avait fui suite à l’invasion russe. L’opposition est annoncée dès le départ par un code de couleurs adopté par le metteur en scène : tout dans l’asile est d’une aveuglante blancheur, des murs aux vêtements des pensionnaires, des infirmières et des gardiens. Le cinéma, lorsqu'il est ouvert et intelligent, fait des merveilles et peut nous amener à sortir de notre caverne de Platon et changer notre perception du monde. L'acteur Kirk Douglas achète les droits du livre de Ken Kesey, auteur alors inconnu et songe à l'adapter au cinéma, mais le caractère jugé trop subversif du roman l'empêche de trouver un financement. En effet, la presse relie très vite le film aux convictions politiques de Milos Forman qui a fui son pays après la « normalisation » consécutive au Printemps de Prague. Au début des années 1970, il reçoit de nouveau le livre, cette fois envoyé par le fils de Kirk Douglas, Michael, à qui son père a donné le roman pour ses débuts en tant que producteur. C’est le début du conflit avec Miss Ratched. D'où la rébellion de celui-ci, prêt à tout pour redonner goût à la vie aux autres pensionnaires, par le sport, le sexe ou l'alcool. Pour les patients restants, la gestion du conflit se poursuit au travers des deux issues initiales : la domination pour l’infirmière en chef et la résignation ou la soumission pour ses pensionnaires. Des patients dont l'attitude ne correspond pas aux normes en vigueur, régulièrement laissés pour compte et dont le libre arbitre se trouve perturbé par d'autres personnes qui savent bien les manipuler. Mac Murphy n'a jamais su plier devant une quelconque autorité. Mac Murphy est un personnage probablement aussi dérangé que tous ses colocataires mais qui parvient à accepter chacune de leurs différences, étant lui-même quelqu’un de peu ordinaire. Elle pourrait s’arrêter mais elle réitère plusieurs fois sa menace : "bien sur que je pourrais ne rien lui dire, mais votre mère est ma meilleure amie, comment pourrais-je lui cacher cela ?". Il se retrouve dans un univers qui lui est inconnu et auquel il semble loin d'appartenir. McMurphy (Jack Nicholson) est un homme au passé criminel lourd, condamné pour des agressions et un viol. Criant de vérité, Vol au-dessus d’un nid de coucou est une dénonciation en règle de l’enfermement psychiatrique, un hymne à la vie envers et contre tous. « Milos Forman cisèle des portraits d’excentriques déchaînés, orchestre le pandémonium des disputes absurdes sur des riens qui transforme en aventures picaresques les frasques de McMurphy le libérateur », écrit Le Point, tandis que L’Aurore note que « La caméra est toujours très proche des personnages et fait sentir la sourde violence qui est en eux ». Emily Barnett, Les Inrockuptibles. Elle offre au spectateur une expérience émotionnelle intense ». Lors d’un voyage en Europe, il a vu le film du réalisateur tchèque Milos Forman L’As de pique (1963), puis aux USA Les Amours d’une blonde (1965). Dernière modification de cette page le 13 août 2010 à 16:59. Kirk Douglas joue six mois le rôle de McMurphy dans son adaptation théâtrale mis en s… « Un monde de carton-pâte peuplé de personnages en trompe-l’oeil, surgis de quelque histoire de fou qui serait vraiment drôle si ces héros n’étaient pas des types en chair et en os… »Devenu un classique contemporain, le roman de Ken Kesey, paru en 1962, n’a rien perdu de sa puissance. LE COMMENTAIRE. Pour extravagantes qu’elles soient, les facéties de McMurphy ne sont jamais gratuites, elles dénoncent la routine, la sottise, parfois la cruauté des traitements subis par les détenus », écrit Jean de Baroncelli dans Le Monde. La Quinzaine littéraire renchérit : « La société libérale prétend donner une chance égale à tous. Puis, une fois calmé, il s’installe devant la TV et commence à commenter un match imaginaire : tous les pensionnaires l’entourent, s’excitent autour de lui et ne respectent plus l’ordre établi. Milos Forman lui-même a déclaré qu’il ne le savait pas vraiment. 3 août 2012 - Mildred Ratched - Vol au dessus d'un nid de coucou Selon Les Nouvelles littéraires, Milos Forman, « après avoir posé sur la société socialiste de son pays (avec L’As de pique, Les Amours d’une blonde, Au feu, les pompiers !) Le film y rencontre un très grand succès. La scène la plus significative du film sur son changement est celle où Mac Murphy, certainement conscient des conséquences, devant la fenêtre ouverte, renonce à partir au plus tôt pour s’évader et préfère rester pour voir ce qui est arrivé à Billy. Elle prétend au contraire entrer dans leur jeu, ou bien elle s’efforce indirectement d’opposer les factions solidaires les unes contre les autres. Miss Rachett . Criant de vérité, Vol au-dessus d'un nid de coucou est une dénonciation en règle de l'enfermement psychiatrique, un hymne à la vie envers et contre tous. Il plonge dans le chaos d’un hôpital psychiatrique où l’infirmière en chef Ratched règne en L'intrigue se déroule dans un hôpital psychiatrique dans l' Oregon , aux États-Unis . Les personnages principaux: Mc Muphy. Il se réfugie ainsi dans une des issues de la gestion du conflit : l’abandon. Elle gère les conflits par la domination. Avant Vol au-dessus d'un nid de coucou, Jack Nicholson n'est pas encore le Jack Torrance de Shining, ni le Jocker de Batman, mais il a déjà joué dans le mythique Easy Rider, La Dernière Corvée et Chinatown, mais son rôle dans Vol au-dessus d'un nid de coucou lui valut l'Oscar du meilleur acteur. En 1962 paraît aux États-Unis un roman de Ken Kesey, figure du mouvement beatnik, intitulé One Flew Over the Cuckoo’s Nest (Vol au-dessus d’un nid de coucou), dont l’intrigue se déroule dans un hôpital psychiatrique de l’Oregon. C'est un jeune garçon qui a de réels problèmes psychologiques assortis d’une peur panique de sa mère. Lors du vote du lendemain, Mac Murphy arrive à obtenir la majorité lui permettant d'obtenir satisfaction mais Miss Ratched refuse de s'y plier en objectant que le vote était déjà terminé. Auteur de 5 agressions et d’un viol qualifié, il est prêt à tout pour se soustraire au travail carcéral... même à se faire passer pour « fou Â». Quand Mac Murphy suggère de changer le programme qu’elle a établi pour regarder un match de base-ball à la TV, elle suggère de faire voter les patients à main levée sachant pertinemment que très peu d’entre eux oseront la contester et que plus de la moitié des malades ne sont pas apte à prendre une décision. Ce journal écrit par ailleurs : « la transposition à l’écran par un cinéaste tchèque émigré aux États-Unis d’un roman américain qui, au début des années 1960, fut l’un des phares de la contestation Outre-Atlantique, constitue une rencontre privilégiée ». Problématique (Mc Murphy) : Est-ce … Ratched représente d’évidence le prototype de cette attitude et son domaine clinique figure l’espace du libéralisme. R.P. Du coup, le film s'apparente davantage à un documentaire basé sur les relations humaines et sur l'accueil habituellement réservé par notre société, prétendue moderne, à tout ce qui semble sortir de l'ordinaire. Mais le courrier ne parviendra jamais en Tchécoslovaquie. C’est une coïncidence, car le père et le fils n’en ont jamais parlé ensemble. Mac Murphy est bourré d'énergie, d'impertinence et on s'attache assez facilement à lui. « McMurphy comprend trop tard qu’un piège monstrueux vient de se refermer sur lui, qu’il ne sortira de cette autre prison qu’au gré du bon vouloir du corps médical. Simulateur ou véritable malade mental ? VOL AU DESSUS D’UN NID DE COUCOU. Quand arrive ce malade récalcitrant, qui a aussi l’étoffe d’un chef, et qui représente l’indépendance, l’individualité, les malades vont être ballotés entre deux influences, le désir de conserver un semblant de tranquillité dans leur atmosphère ouatée, et celui de se rebeller, de vivre leur vie. Milos Forman va adapter au cinéma ce livre que les majors companies ont refusé, jugeant l’histoire trop noire et trop cruelle. Si le mot cuckoo en anglais désigne l’oiseau (le coucou), il signifie aussi en argot américain l’excentrique, le « dérangé », le fou. Pour le casting, le réalisateur a sélectionné ses 18 personnages parmi près de 900 acteurs, mais a confié des fonctions techniques à de « vrais » malades. Source: back cover Edition Notes L’Humanité relève le réalisme de certaines scènes, qui évoque le « cinéma direct » caractéristique des premiers films tchèques du cinéaste, comme L’As de pique, tourné en 1963. Retrouvez tout le casting du film Vol au-dessus d'un nid de coucou réalisé par Milos Forman avec Michael Berryman, Dean R. Brooks, Jack Nicholson, Louise Fletcher. Mais seules quelques silhouettes en arrière-plan sont de vrais pensionnaires. La mise en scène de Milos Forman nous amène à aimer ces individus singuliers. Premier grand succès public et critique de Milos Forman, Vol au-dessus d’un nid de coucou inscrit son réalisateur dans la longue tradition des films d’asile métonymiques, avec sa galerie de portraits croqués comme un monde entier résumé entre les murs. Il plong… C’est une succession de crises et de rapports de force. Et quand Miss Ratched s’en prend au plus faible d’entre eux, il tente de l'étrangler. Le ton de Vol au-dessus d’un nid de coucou est presque exclusivement pathétique : le déroulement, implacable, du conflit entre Miss Ratched et Mac Murphy y pourvoit, autant que le talent des interprètes. « Vol au-dessus d’un nid de coucou » donne lieu à une véritable réflexion sur la liberté et la folie de l’Homme face à ce système injustement autoritaire. Pour attirer l’attention sur sa personne, il veut participer à des jeux auxquels il ne comprend rien aux règles. Le ton de Vol au-dessus d’un nid de coucou est presque exclusivement pathétique : le déroulement, implacable, du conflit entre Miss Ratched et Mac Murphy y pourvoit, autant que le talent des interprètes. Adapté d’un roman de Ken Kesey sorti dans les années 1960, Vol au-dessus d’un nid de coucou a d’abord été adapté au théâtre par Kirk Douglas après n’avoir essuyé que des refus pour une adaptation au cinéma. Pour rappel, Vol au-dessus d'un nid de coucou est un film réalisé par Milos Forman sorti en 1975 aux États-Unis (1976 en France). Il s’agit donc, avant tout, d’asseoir son pouvoir. La psychologie des personnages est tellement profonde, tellement réelle que l’on s’y croit : harnaché dans une camisole de force dans cet asile. Tout le film est construit sur la lutte que ces deux fortes personnalités exercent sur la masse inorganisée des malades ». Séduit par Mac Murphy, Chief le défend quand il se bat avec les infirmiers. Il craque, se recroqueville en position fœtale et une fois enfermé seul dans sa chambre, profite de la cacophonie générale pour résoudre lui aussi son conflit par une rupture unilatérale : le suicide. C’est McMurphy qui déboule parmi les « vrais » déviants. Elle sait qu’en le gardant à l’asile, les 68 jours de prison qui lui restent à faire ne seront plus de mise, c’est elle seule qui décidera de son sort à l’avenir. Au cours des séances de thérapie de groupe qu’elle dirige, elle ne cherche pas à calmer les internés mais les laisse s’en prendre aux plus faibles et se moquer d’eux. L'histoire de la littérature est parsemée de romans dont l'adaptation au cinéma a cannibalisé la réputation, au point de les rendre quasiment invisibles. Billy s'énerve, crie, se débat et finit par hurler lorsque les infirmiers le saisissent et l'enferment dans sa chambre, sans surveillance. Le roman était jugé trop subversif pour en faire un film rentable et la pièce fut un four à Broadway, mais le projet n’a pas été abandonné pour autant. “Des choses tout aussi terrifiantes ont lieu à droite comme à gauche – des choses affolantes, horribles, trop dingues et trop absurdes pour en … Le destin du malade que l’on met à plat et que l’on n’est prêt à sauver de la destruction qu’au prix d’un abandon total du “moi” subversif devient l’acte d’accusation le plus impitoyable jamais dressé contre le “système”. Les Nouvelles littéraires déclarent : « L’agressivité à peine rentrée de l’infirmière, la science incertaine des médecins, reflètent surtout l’intolérance sociale érigée en dogme scientifique. Le coucou, c’est l’oiseau qui fait son nid dans celui des autres. Euthanasiant son ancien ami, Chief se libère et part, seul. Milos Forman dit avoir respecté dans son adaptation, l’esprit du livre de Ken Kesey. L’indien géant n'est absolument pas fou mais il ne veut pas finir comme son père : détruit par l'alcool. Pour La Quinzaine littéraire, « L’asile psychiatrique joue comme un microcosme de la société ». Mac Murphy est paradoxalement un être très attachant, prêt à se sacrifier pour ses nouveaux compères. Vol au-dessus d'un nid de coucou « Un monde de carton-pâte peuplé de personnages en trompe-l'oeil, surgis de quelque histoire de fou qui serait vraiment drôle si ses héros n'étaient pas des types en chair et en os... » Devenu un classique contemporain, le roman de Ken Kesey, paru en 1962, n'a rien perdu de sa puissance. Les critiques sont nombreux à voir dans Vol au-dessus d’un nid de coucou un film essentiellement métaphorique. Il commence par établir des liens entre lui et les autres pensionnaires. Il n’ose pas prendre position lors des votes instaurés par Mac Murphy et se réfugie dans une autre issue de la gestion du conflit : la résignation. ‎« Un monde de carton-pâte peuplé de personnages en trompe-l’oeil, surgis de quelque histoire de fou qui serait vraiment drôle si ces héros n’étaient pas des types en chair et en os… » Devenu un classique contemporain, le roman de Ken Kesey, paru en 1962, n’a rien perdu de sa puissance. « De sympathiques maniaques se persécutent mutuellement de leurs idiosyncrasies galopantes et McMurphy se contente de louvoyer entre la soumission et l’insolence en distribuant autour de lui un peu de bonne humeur », écrit Le Point. L’hôpital psychiatrique représenterait la Tchécoslovaquie, et McMurphy, double de Forman, le résistant au totalitarisme communiste. En utilisant ce site, vous acceptez que les cookies soient utilisés à des fins d'analyse et de pertinence, Rétrospective Milos Forman (31 août - 20 septembre 2017). Les critiques sont particulièrement impressionnés par l’acteur qui joue l’Indien à la stature gigantesque, surnommé Big Chief ou Chef Bromden, que tout le monde croit sourd-muet. Dès lors, le film, commencé sur un ton de franche comédie, vire au drame », constate Écran 76. Comme l’écrit Le Quotidien de Paris, « au premier degré, il y a un personnage haut en couleurs, dont la vitalité débordante se trouve confrontée à l’impitoyable absurdité des règles qui gouvernent l’univers castrateur d’un hôpital psychiatrique. Si « cet asile psychiatrique est un enfer moderne », lit-on dans Écran 76, « c’est un enfer aseptisé, avec les voix suaves des infirmières, la musique douce qui berce, les pilules qui tranquillisent ». Elle insiste à tel point pour que Billy parle publiquement de ses complexes qu'un des malades lui rétorque : "si Billy refuse de se raconter, il ne faut plus le persécuter". Henry Chapier déclare dans Le Quotidien de Paris : « le défi de McMurphy devient une attitude révolutionnaire qui menace l’ordre établi (…) Le véritable sujet de Milos Forman, c’est la répression sociale qui se manifeste sans fard au niveau de la thérapeutique : ce que l’on veut guérir, ce n’est pas la maladie, mais la résistance des récalcitrants accrochés à leur “différence”. Cette page a été consultée 10 944 fois. Toujours selon ce même journal, « nul autre transfuge de l’Est n’aurait su déceler mieux que Milos Forman ce cuisant échec du libéralisme occidental : bien qu’elle soit fondamentalement différente du totalitarisme soviétique, la répression américaine est omniprésente dans la vie quotidienne du citoyen, et surtout au niveau de son rapport avec le monde du travail et les institutions ». Un peu de tout cela vraisemblablement, retransmis grâce au jeu extraordinaire de Jack Nicholson, capable par un simple levé de sourcils d'être à la fois effrayant et sympathique.