Cette dernière partie, fictive - car ce n’est pas Muhammad ‘Alî qui parle à Nubar mais Ibrahim qui imagine cet échange - révèle le poids, partagé par l’ensemble des protagonistes, des liens de l’allégeance. parti travailler ailleurs ? Dans la première décennie de l’enregistrement, ce sont environ 80% des adultes qui portent un tel nom d’origine. Ainsi les Arméniens catholiques contractent-ils des alliances avec des maronites (littéralement « de nation maronite », azkav maroni), des grecques catholiques (hoyn katolik), les Arméniens apostoliques épousent des coptes (khepti ou i khepti azké), des grecques orthodoxes, des syriaques. La distinction principale apparaît entre catholiques et « orthodoxes ». »- « Mais nous n’avons rien dit de saillant, il me serait difficile de répondre. Comment enregistrait-on les individus, comment les identifiait-on en l’absence d’un cadre aussi rigoureux que celui qui s’impose en 1864 ? Si elles sont bien inscrites dans les registres à l’occasion d’un fait relatif à leur personne –baptême, mariage, décès- la procédure d’identification les saisit indirectement, par leur lien à un homme, et c’est alors l’homme auquel elles se rapportent qui est décrit. C’est la première grande vague de migration. La plupart des prénoms sont tirés de la Bible, et sont traduits en arménien. 10 rûmî c'est-à-dire ici renvoyant à sa provenance géographique, à savoir les terres centrales de l’Empire. On constate une très grande diversité de métiers, écrits en turc à l’exception de quelques-uns (liés aux fonctions religieuses ou bien le métier d’orfèvre). 48L’enregistrement des enfants, lors de leur baptême ou décès, apparaît lui aussi moins riche d’informations que celui des hommes. De même, Nubar pacha, dans ses Mémoires, note que « le vrai Mohammed Aly (sic) est celui qui, en Égypte, a renversé toutes ces idées courantes en Orient, toutes ces manières de penser différentes de l’Europe ; qui a fait du chrétien l’égal du musulman » (Nubar pacha, 1983 : 13). , Ayman Zohry, Ph.D. American University in Cairo, AGBU 100th Anniversary Celebration in Cairo / Aswan / Luxor, The Armenian community of Egypt, An overview, The Armenians of Egypt celebrate the Translators' Day, Medieval Armenian Manuscripts exhibited in Bibliotheca Alexandrina, To be Armenian is to be Egyptian is to be yourself, Editor in Chief: Mohammed Refaat el Immam, Les rapports arméno-égyptiens s'affermissent, Gourgen Khazhakian 30 Avril 2007, Alexandria: A Breath of Fresh Air from the Mediterranean, The Armenian Embassy in Cairo: A Showcase of Professionalism, The Armenians of Egypt: An Old Community with a Profound Past, Extremists Cause Concern, But Not Upheavel in Egypt, Revue arméno-égyptienne "AREV" en arabe de l'UGAB. C’est ce que révèle l’anecdote suivante racontée par Nubar, et qui le met en scène alors qu’il était tout jeune puisqu’il n’avait que 21 ans. Ne m’appartiens-tu pas ? D’un autre côté, l’administration des Arméniens est rationalisée à l’échelle de l’Empire, comme on le voit dans l’article 13 du titre II, intitulé « Greffe du Patriarcat ». En l’absence d’un nom de famille, l’individu était identifié par la combinaison d’éléments qui s’ajoutaient à son nom : le lien avec d’autres personnes - membres de la même famille, amis, relations de travail-, certaines pratiques comme le pèlerinage à Jérusalem, le titre d’usage, donc le statut social. Bien plus nombreux que les Arméniens catholiques15, les Arméniens apostoliques mettent sur pied un enregistrement soigné des personnes à partir de 1826, probablement sous l’impulsion d’un prélat venu de Jérusalem, Guiragos Menatsaganian. Les relations personnelles en particulier marquent les limites de la catégorisation. Changer ), Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Les Arméniens sont nombreux au Moyen Orient, où beaucoup se sont installés après avoir fui la Turquie. Avec une économie de moyens : quelques indicateurs suffisent. Dans la première décennie de l’enregistrement, ce sont environ 80% des adultes qui portent un tel nom d’origine. Au début du 19e siècle, nombre d’entre eux effectuaient le pèlerinage à Jérusalem, découvrant à la fois la ville sainte et ses institutions arméniennes, notamment le couvent des Saints-Jacques, participant ainsi tant à la fabrique de Jérusalem qu’à celle d’une Jérusalem arménienne. »  et dont Frédéric Feydit explique qu’il « a servi à former la très grosse majorité des noms de famille » (1969, p. 240), on le voit littéralement s’imposer sous nos yeux à partir de 1864. De même, les individus ne sont pas toujours désignés de la même façon. siècle, et, de ce fait même, l’élite dirigeante des Arméniens. Car, bien que les individus demeurent inscrits ou enregistrés à l’occasion d’actes religieux, baptême, mariage ou sépulture, la date de naissance ou celle du décès est désormais régulièrement notée. Installée surtout au Caire, elle devient vite minoritaire par rapport aux immigrants venus des terres centrales de l’Empire ottoman qui affluent de 1810 à 1830. » - « À plus forte raison, je ne dirai rien. « Registre de mariage de la nation des Arméniens orthodoxes », ce qui est un usage ancien pour qualifier les fidèles, membres de l’Église catholique. » qui engage ici l’individu, d’autant que ce lien se trouve renforcé par l’appartenance de l’individu à un groupe familial lui-même entièrement redevable de sa position sociale à Muhammad ‘Alî. Cela n’empêche pas des Arméniens catholiques de donner un parrain arménien apostolique à leur enfant, ce qui ne semble pas poser problème à l’Eglise, ni même d’avoir recours à un témoin de mariage arménien apostolique. Pour les Arméniens nés en Égypte, adultes au moment de l’enregistrement, le scribe indique parfois la mention égyptien (, Le métier est très fréquemment indiqué. Ainsi en 1826, lors de son (deuxième) mariage, le bijoutier Meguerditch est appelé Papaz oghlou. À partir de 1832, ils se dotent d’institutions et de bâtiments qui leur sont propres. Cela s’explique sans doute en raison de leur plus grande visibilité, plusieurs d’entre eux faisant partie de l’entourage très proche de Muhammad ‘Alî : « (…) les ennemis de notre religion11, Arméniens et autres chrétiens, qui désormais sont ses familiers, siègent dans ses conseils et sont ses associés dans ses entreprises de négoce ; ce sont eux qui lui donnent des conseils. Deux Conseils, nettement séparés, se partagent désormais la gestion communautaire, l’un religieux, l’autre civil. Toutefois, dès le début du, siècle les Arméniens ne forment pas une seule communauté mais deux, apostolique et catholique. Les contenus de la Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée sont mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International. C’est ce que montre par exemple l’acte de décès, en 1833, de la « fille de Fesdek et femme de, . Quelques villes d’origine sont indiquées en arménien ou en turc et parfois indifféremment dans les deux langues : c’est le cas par exemple pour Garin (garnétsi)/Erzéroum (erzéroumtsi), Paghech (paghéchétsi)/Bitlis (bitlistsi). Les relations personnelles en particulier marquent les limites de la catégorisation. Ce sont eux qui sont maintenant les hommes importants ; ils occupent de hautes positions, ils portent les vêtements qui conviennent aux grands, ils montent les plus beaux mulets et chevaux ; devant eux et derrière eux, marchent des esclaves et des serviteurs qui, le bâton à la main, chassent les gens pour leur frayer le passage. Ce n’est qu’à la toute fin du. Le quatrième concerne l’administration nationale des Provinces. Il est assisté, pour ce faire, de quatre notables de la communauté des Arméniens apostoliques, qui certifient également être témoins de l’acte. Les Arméniens d’Égypte, au tout début du xixe, sont dans leur grande majorité des migrants (80%) qui parlent le turc ou l’arménien, très peu l’arabe (à part les Arméniens nés en Égypte). À l’occasion de quels événements ? 33Ce sont les archives des Arméniens apostoliques qui sont principalement examinées ici. Il existe ainsi une forme de parallélisme dans le comportement de chacun des deux groupes. À partir de 1832, ils se dotent d’institutions et de bâtiments qui leur sont propres. Leurs archives, conservées au Patriarcat catholique du Caire, ne sont plus accessibles depuis plusieurs années. Que leur identité arménienne est très importante tout en étant à 100% égyptien. Avec trois années de flottement cependant, de 1836 à 1838, que l’on peut imputer à l’épidémie de peste, très dévastatrice, qui survient en 1835, deux mois après le départ du prélat. Jabartî meurt quelques années après, fin 1824 / début 1825. c'est-à-dire ici renvoyant à sa provenance géographique, à savoir les terres centrales de l’Empire. ». 9Comment peut-on expliquer des changements aussi soudains ? Mais il ne faisait pas de différences entre eux, non plus d’ailleurs que le recensement de 1846-48, premier recensement mené en Égypte. Cette connaissance s’avère déterminante, en particulier pour contracter des alliances matrimoniales. Ces différents éléments se présentent sous la forme d’un énoncé plus ou moins long. Il entérine à la fois la démocratisation des institutions arméniennes de l’empire et leur sécularisation. Il est bien question effectivement de le prendre « par les sentiments ». Interview du Dr. Vicken Jizmejian et du Dr. Geroge Noubar Simonian. Les Arméniens en Egypte à l'époque ayyoubide (prévu) Mamour Fatimi, Histoire des Arméniens d'Egypte sous le sultanant ayyoubide, Sion (Jérusalèm) X-XI 1929 pp.336-341, X 1930 pp.323-326, XI 1930 pp.348-349, XII 1930 pp.382-383; Les Arméniens en Egypte à l'époque des Mameloucks (prévu) Les Arméniens catholiques, qui avant cette date dépendaient en théorie des Arméniens apostoliques –c’était le cas, sur un mode très conflictuel parfois, dans les terres centrales de l’Empire ottoman-, se sont placés en Égypte très tôt –on en a des traces dès le début du, siècle- sous l’autorité des catholiques latins et plus exactement des Franciscains de la Terre Sainte qui ont en charge les catholiques orientaux. Kardachian, 1986, Notes pour l’histoire des Arméniens d’Égypte, tome 2, Venise. On trouve quelques occurrences, rares cependant, du terme, ne se confond pas avec l’origine géographique de Jérusalem qui est indiquée sous la forme, , comme on l’a vu plus haut avec l’exemple de, D’autres éléments personnels peuvent être notés, comme les surnoms, en turc (, Pour ceux qui n’habitent pas le quartier proche de l’église arménienne, situé au nord du quartier juif, à proximité du quartier franc, la mention du quartier est indiquée. D’autres critères, comme la sujétion (hebadagoutioun), terme ancien que les Arméniens continuent à employer pour qualifier la soumission du sujet d’empire alors que la nationalité ottomane est fondée en 1869, seront ajoutés à la toute fin du xixe siècle, ce qui ne doit probablement rien au hasard, dans une période d’émergence de l’identité nationale égyptienne et de début de la formalisation de ce que sera la nationalité. Le quatrième concerne l’administration nationale des Provinces. Les archives centrales des Arméniens se trouvent à la prélature des Arméniens d’Égypte, située au Caire. C’est très exactement de l’année 1864 que l’on peut dater le début de l’élaboration d’un état civil moderne dans la communauté arménienne d’Égypte, du moins chez les Arméniens apostoliques qui constituent alors la majeure partie des Arméniens. Le premier de ces critères est le (pré)nom, généralement de baptême encore qu’il puisse s’agir d’un nom d’usage comme on l’a vu plus haut avec l’exemple d’Emin Kiachef. Une quarantaine d’années plus tard, en 1906, un Arménien se présente de la manière suivante, dans une copie en français de son testament : « Ceci est mon testament. Ce qui, au passage, montre la très grande pratique du turc parmi les immigrants arméniens du début du xixe siècle. Une quarantaine d’années plus tard, en 1906, un Arménien se présente de la manière suivante, dans une copie en français de son testament : « Ceci est mon testament. Mubârak Alî pacha, 1982, Al-Khiṭaṭ al-tawfîqîyya al-jadîda li-miṣr al-qâhira. 22Cette dernière partie, fictive - car ce n’est pas Muhammad ‘Alî qui parle à Nubar mais Ibrahim qui imagine cet échange - révèle le poids, partagé par l’ensemble des protagonistes, des liens de l’allégeance. Elle les identifiait déjà avant cette date, notamment à l’occasion des baptêmes, mariages et sépultures. Avant cette date, la mention de ce qui pouvait s’apparenter à un nom de famille était aléatoire : certaines personnes portaient déjà ce suffixe – comme Bilezigdjian - mais cela restait une pratique assez rare, et répandue plutôt dans les documents de nature officielle comme les testaments que dans l’enregistrement courant des baptêmes, mariages ou sépultures. 50Parmi ces étrangers au groupe se trouvent aussi les esclaves, très majoritairement des femmes, distinguées selon les catégories en usage à l’époque21 : noires (sèv), abyssiniennes (habech) ou blanches, plus rares, comme cette esclave « géorgienne d’Arménie » que Yéghiazar amira désigne par son nom, Gul Fedan, dans son testament, et qu’il lègue à ses héritiers alors que les autres sont libres de quitter la maison après sa mort. Et l’on constate, malgré l’absence de procédure uniforme et fixe d’identification pour les individus, malgré l’absence d’un cadre rigoureux, une forme de régularité. 41Le pèlerinage effectué à Jérusalem est exprimé par un titre que porte l’individu, toujours placé devant son prénom, celui de mahdési18. Et ce, avant même la reconnaissance du, catholique en 1831. C’est ce que montre par exemple l’acte de décès, en 1833, de la « fille de Fesdek et femme de mahdési Avedis d’Andrinople »20. Il l’est aussi par ses relations avec son entourage familial ou professionnel. Les registres des baptêmes, mariages et décès des Arméniens d’Alexandrie sont toutefois demeurés à Alexandrie. ( Déconnexion /  D’autres critères, comme la sujétion (. Il a également écrit sur l’Arménie dans son roman intitulé « Erevan ». 42D’autres éléments personnels peuvent être notés, comme les surnoms, en turc (topal, boîteux), en arménien (zevzeg, frivole, gardj, court, de petite taille) et parfois en arabe (abiat Youssef) nés d’une caractéristique physique ou d’un trait de caractère ou encore des mentions qui concernent la vieillesse (barav, réservé aux femmes, dzérouni), le jeune âge (yéridasart hasagui). La séparation des pouvoirs s’y applique de la même manière : « l’évêque diocésain est le Président avec pouvoir exécutif du conseil provincial. Le livre "Armenians in Egypt. 9 Testament de Yéghiazar amira (Kardachian, 1986, t. 1, p. 36-37). Ces rubriques, toutes rédigées en arménien, sont intitulées : 1- nom (anoun) et surnom (maganoun), rubrique subdivisée elle-même en deux colonnes : masculin (arou) et féminin (èq), 2- jour de naissance ou d’arrivée (or dzenadz gam yégadz), 3- lieu de provenance (ousdi kale), 4- âge (darike), 5- profession (harvesde), 6- patrie (haïrenike), 7- baptême (meguerdoutioun), 8- mariage (amousnoutioun) 9- départ ou décès (mègnile gam mahe) et 10- Remarques (dzanotoutioun). parti travailler ailleurs ? Certes, ils se fréquentent dans le monde du travail, notamment auprès de Muhammad ‘Alî, nouent des liens d’amitié, mais ne s’épousent quasiment jamais, comme on le constate dans les registres de mariage des deux communautés jusqu’au début du xxe siècle. Quand un enfant naît en Égypte, il ne porte jamais le nom de relation de son père, sauf sous la forme : fille ou fils de un tel originaire de (comme le montre cet acte de baptême de 1826 : Serpouhi, fille de mahdési Hagop de Jérusalem). Cela ne signifie pas que les habitudes langagières, que les relations sociales, aient disparu du jour au lendemain, mais simplement que l’accès en est coupé. » qui engage ici l’individu, d’autant que ce lien se trouve renforcé par l’appartenance de l’individu à un groupe familial lui-même entièrement redevable de sa position sociale à Muhammad ‘Alî. En effet ce qui reste de l’administration avant cette date, quelques feuillets pour l’année 1825, révèle un enregistrement très sommaire. Quand c’est le cas, ils se présentent avec des terminaisons changeantes, y compris les mêmes années d’enregistrement : terminaison arménienne en –ian, turque en –oghlou et persane en –zadé (voire même russe en –of, pour des Arméniens de Smyrne possédant généralement la sujétion autrichienne ! Il est vrai que les hommes adultes exercent quasiment tous une profession. De même, Krikor agha est tantôt appelé Bilezigdji oghlou (en 1826, 1827, 1829, 1831), tantôt Bilezigdjian (en 1830). Dans tous les cas, dès 1864, la terminaison en -ian rend visible l’appartenance à la communauté. 37Le premier de ces critères est le (pré)nom, généralement de baptême encore qu’il puisse s’agir d’un nom d’usage comme on l’a vu plus haut avec l’exemple d’Emin Kiachef. L’une d’entre elles en particulier, la wakâlat al-Silâḥdâr, est fréquemment nommée, sous la transcription vékialèt Silihdar. La mention des infirmités, de la maladie -on trouve des aveugles (. De même, en 1864, on apprend que « Monsieur Simeon, originaire de Tokat, qui est Emin Kiachif, est mort à l’âge d’environ 90 ans ». Dans sa perspective de modernisation, Mehmet Ali fait également appel à de nombreux étrangers, parmi lesquels plusieurs arméniens ottomans répondent à l’appel. From 1864 onwards, the community administration develops a highly efficient registry system: uniform registration, limited number of entries, mandatory use of a family name. Les individus sont appréhendés par plusieurs critères, variables selon les personnes, qui, combinés, permettent d’identifier chacun sans risque d’erreur, du moins est-ce sans doute l’objectif visé. Avec trois années de flottement cependant, de 1836 à 1838, que l’on peut imputer à l’épidémie de peste, très dévastatrice, qui survient en 1835, deux mois après le départ du prélat16. Ils habitent des maisons élevées et somptueuses qu’ils achètent très cher. Ainsi en 1826, lors de son (deuxième) mariage, le bijoutier Meguerditch est appelé Papaz oghlou. Ce n’est qu’à la toute fin du xixe siècle qu’il se fige et se lègue, inchangé, aux générations suivantes. Des liens multiples et étroits ont longtemps uni les Arméniens vivant en Égypte à Jérusalem. Mais la majorité quitte le pays en même temps que les Coptes, les Levantins (européens vivants au Moyen Orient), les Grecs et les Juifs. 18Il faut dire que c’est en 1812 qu’est instauré le système des monopoles (iḥtikârât), que dénonce Jabartî, système auquel des Arméniens participent activement comme Garabed, évoqué plus haut, qui devient également concessionnaire des bains en 1815. Les étrangères présentes dans les registres permettent d’établir avec qui les Arméniens contractent des alliances matrimoniales. Voir la notice dans le catalogue OpenEdition, Plan du site – Mentions légales & crédits – Flux de syndication, Nous adhérons à OpenEdition Journals – Édité avec Lodel – Accès réservé, You will be redirected to OpenEdition Search, Identity and registration: Armenians in Egypt in the nineteenth century, Les archives centrales des Arméniens se trouvent à la prélature des Arméniens d’Égypte, située au C, Leurs archives, conservées au Patriarcat catholique du Caire, ne sont plus accessibles depuis plusi, Toutefois, il est une institution où il semblerait qu’on puisse les trouver décrits de manière plus stable : leur communauté. Ce qui s’explique peut-être par un niveau de formation du clergé plus élevé que dans l’Église apostolique à la même époque. 19 En 1827, par exemple, l’un des témoins du testament de Yéghiazar amira signe « Hampartsoum hadji Krikori ». Mais ce n’est pas systématique. Les liens de parenté sont toujours notés, en arménien, avec une grande précision, et rapportés à un chef de famille ou de maisonnée dont on est alors frère, sœur, père, mère, beau-frère, belle-sœur, bru, gendre, nièce, etc. Il en est ainsi de ce concessionnaire de la douane de Boulaq, que Jabartî qualifie, en 1812, de chrétien du pays de Rûm10 (naṣrânî rûmî). Ils participent avec les autres communautés au dynamisme de l’Egypte du XIXème siècle. Après l’indépendance et surtout la crise de Suez (où Levantins et Juifs sont expulsés et privés de leurs biens), les chrétiens du pays prennent peur de subir le même sort plus tard et partent. », - « Je ne dirai rien », répondis-je. Aujourd’hui encore, il existe de nombreuses rues Nubar Pacha en Egypte. Il existait déjà, depuis le début du, La deuxième transformation consiste dans l’inscription systématique d’un nom de famille, terminé en –ian. C’est le cas pour les Arméniens qui vivent à Boulaq et dans le quartier du Vieux-Caire, deux quartiers excentrés par rapport au « quartier » arménien mais à forte activité commerciale, Boulaq étant le port du Caire lié aux activités avec Rosette puis Alexandrie par la suite, tandis que celui du Vieux-Caire l’est à celles avec la Haute-Égypte. Leurs façons de se désigner révèlent les antagonismes. 30C’est la même démarche, inversée toutefois, qui conduit les Arméniens à traduire les lieux dans lesquels ils vivent, ce qui est une forme d’appropriation du nouvel espace dans lequel ces immigrants se trouvent plongés : le quartier du Vieux-Caire (miṣr al qadîma), dans lequel se trouve leur cimetière et où quelques Arméniens sont installés, est toujours traduit en turc, esgui meser, écrit en caractères arméniens, dans les registres. À partir de 1864, l’administration communautaire élabore pour les individus qui en dépendent, un état civil moderne, à l’aide de moyens efficaces : enregistrement uniforme, nombre restreint de rubriques, imposition d’un nom de famille. Il arrive également, plus rarement, que la migration en cours soit signalée : à l’occasion du décès, à l’âge de vingt ans, du beau-frère (, ) de Sahag, originaire de Van, on apprend qu’il était nouvellement venu de Constantinople (, ). 4C’est très exactement de l’année 1864 que l’on peut dater le début de l’élaboration d’un état civil moderne dans la communauté arménienne d’Égypte, du moins chez les Arméniens apostoliques qui constituent alors la majeure partie des Arméniens. Yéghiazar amira pouvait se présenter dans son testament, en 1827, sous la forme « Moi mahdési Yéghiazar fils de mahdési Bedrosian de Agn » (Yes mahdesi Yéghiazares aguentsi mahdesi Bedrosian), seuls deux de ses témoins, sur cinq, se présentaient de la même manière. Or ils n’ont pas d’autre souci ni d’autre étude que de trouver les moyens d’augmenter la faveur dont ils jouissent auprès de leur maître, d’approuver ses desseins, de louer ses inventions » (Jabartî, ibid., p. 1327). L’enjeu, financier en particulier, est de taille puisque de fortes sommes d’argent doivent échoir à des institutions ou des personnes arméniennes situées dans plusieurs villes de l’empire ottoman. On peut même s’étonner de la poursuite de l’enregistrement des décès, en plein pic de l’épidémie, e, À partir de 1826, les individus sont donc plus souvent et mieux décrits. Bien plus nombreux que les Arméniens catholiques, , les Arméniens apostoliques mettent sur pied un enregistrement soigné des personnes à partir de 1826, probablement sous l’impulsion d’un prélat venu de Jérusalem, Guiragos Menatsaganian. Quels éléments choisir dans la vie d’un individu pour le rendre unique, impossible à confondre avec un autre ? malade ? Malgré les efforts des scribes qui multiplient les éléments d’identification, il n’est pas toujours possible non plus d’attribuer tel acte à telle personne précise, notamment dans les cas d’homonymie. Les Arméniens d’Égypte, au tout début du xix e, sont dans leur grande majorité des migrants (80%) qui parlent le turc ou l’arménien, très peu l’arabe (à part les Arméniens nés en Égypte). Il faut dire que c’est en 1812 qu’est instauré le système des monopoles (, En fait, Jabartî reproche aux chrétiens en général et aux Arméniens en particulier d’être sortis, politiquement et socialement, de la condition de, L’identification systématique par Jabartî des Arméniens aux chrétiens (quand ce n’est pas aux mécréants) prend donc tout son sens. L’enregistrement des enfants, lors de leur baptême ou décès, apparaît lui aussi moins riche d’informations que celui des hommes. . Dans le texte, ces éminents personnages disent qu'ils sont la 3ème génération des Arméniens d'Egypte. Jabartî meurt quelques années après, fin 1824 / début 1825. De même, la rue où se trouve l’église arménienne, Ḥârat Zuwayla, se transforme-t-elle dans leurs documents en haret zevélé, les Arméniens écrivant (et prononçant) v le wâw égyptien, comme les Turcs. Les individus sont appréhendés dans les nouveaux registres selon dix rubriques, identiques pour tous les membres du groupe, hommes, femmes et enfants, chacune formant une colonne séparée des autres par une ligne tracée sur la page. Le clivage musulman/chrétien n’est pas opératoire ici, pas plus que celui supérieur hiérarchique/subalterne. 17On le voit, le regard que Jabartî porte sur les Arméniens à partir de cette date est peu amène. Ce texte, approuvé par le pouvoir ottoman, porte sur la réorganisation administrative interne des Arméniens de l’Empire et sur l’équilibre des pouvoirs à l’intérieur de la communauté, entendue ici à l’échelle de l’Empire. Il l’est aussi par ses relations avec son entourage familial ou professionnel. Le clivage musulman/chrétien n’est pas opératoire ici, pas plus que celui supérieur hiérarchique/subalterne. On note un certain nombre de pratiques, comme l’adoption, importante, présente par la mention enfant adopté (, Les étrangers (à la communauté) sont, quant à eux, désignés également de façon sommaire, par leur « nation », comme on l’a vu pour les Arméniens quand ils étaient perçus de l’extérieur. Cet article prévoit la création d’« un bureau de recensement pour le mouvement civil des nationaux, c’est-à-dire pour les formalités en cas de naissance, mariage ou décès. On trouve surtout des Coptes, des Grecques (i khepti azké, i hoyn azké) car les étrangers sont, de fait, presque toujours des étrangères. Mahdési Sahag, évoqué plus haut, était originaire de Agn, tout comme mahdési Aleksan agha. Changer ), Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Il existait avant cette date une petite communauté arménienne en Égypte, sur laquelle on possède peu de traces. Ce texte contient cinq grandes parties traduites en français, par « titres ». Il entérine à la fois la démocratisation des institutions arméniennes de l’empire et leur sécularisation. La première est matérielle. , souvent en lien avec la situation sociale de leur père ou époux. ( Déconnexion /  Les deux églises nationales sont non chalcédonienne, et des Arméniens ont été artisans pour les chrétiens d’Egypte au moyen-âge, comme en témoignent les indications du musée copte du Caire. Comment l’administration communautaire procède-t-elle à l’identification des siens ? Les notables, quasiment tous des immigrants récents, font venir, en 1825, un prélat permanent du Patriarcat de Jérusalem, dont dépendaient les Arméniens d’Égypte, pour administrer les biens que le couvent de Jérusalem possède en Égypte et dispenser les sacrements à la population dont il est dit alors qu’elle a beaucoup augmenté. Dans le premier cas, l’identification est relativement neutre puisque le Siège principal de la spiritualité arménienne apostolique se trouve effectivement à Etchmiadzine ; dans l’autre cas, le point de vue est nettement celui d’une Église qui non seulement n’est pas « du même bord », mais surtout qui se considère comme dépositaire de la vraie foi. Très peu d’individus en sont privés. Certains prénoms, plus courants que d’autres (par exemple Hagop, Garabed, Boghos, Bedros), appellent impérativement un complément d’information pour que l’on ne confonde pas les individus les uns avec les autres. Celui-ci s’appuie grandement sur un homme arménien, Nubar Nubarian.